10 jours de retraite silencieuse, mais pourquoi?

C'est vrai ça, pourquoi???


Pourquoi se retirer à l'écart de la société (20 km de la ville la plus
proche dans la campagne, au Cambodge ça correspond à 45 min de tuk tuk en mode rodéo)?
Pourquoi se séparer volontairement de son époux(se) sachant qu'il(elle) vivra à 10m de soi pendant les 10 prochains jours (et nuits)?
Pourquoi accepter de vivre dans le "Noble Silence" (pas de parole, pas de contact physique ou visuel, pas d'échange avec qui que ce soit ou alors le staff ou le prof)?
Pourquoi accepter de ne vivre que sur ce qu'on vous donne (sur la charité de vos prédécesseurs) et non sur ce que l'on choisit (confort, nourriture)?
Pourquoi accepter de se lever à 4h le matin pour se coucher à 21h30 et rester assis à "rien" faire pendant 11 heures??
La réponse (s'il en est une) n'est pas simple: il s'agit d'un cours  intensif visant à enseigner une technique de méditation.
C'est comme un voyage UCPA pour apprendre la planche à voile aux Îles  Canaries : il faut de bonnes conditions, dans ce cas là (sport d'eau et de vent) on veut du soleil, de l'eau chaude et du vent mais pour la méditation (travail sur l'esprit) on veut du calme et une libération de l'esprit de tout attachement, de toute responsabilité du quotidien.

Apprendre une technique de méditation, mais pourquoi?
La méditation est quelque chose qui me questionne depuis longtemps (je me souviens avoir demandé à Nicole comment on fait pour méditer alors que je devais avoir 10 ou 12 ans), ensuite j'ai trouvé une certaine maitrise de l'esprit dans ma pratique des arts martiaux mais une étape restait à franchir. Il y a un an à peu près j'achetais le livre "La méditation pour les nuls" et je me lançais tout seul dans des exercices d'observation et de contrôle de la respiration, un peu dans le désordre mais en sentant un peu les bienfaits de tels exercices.
J'ai vite compris que ce genre de travail est extrêmement difficile à faire seul et me sentant noyé par la profusion de centres de méditation et les différentes écoles et philosophies, j'ai laissé cette activité dans un coin de mon esprit.
C'est lors de notre séjour en Chine que nous avons eu l'idée de profiter de notre temps disponible pour apprendre une technique de relaxation, détente du type yoga ou taĩ chi chuan, le yoga étant originaire de l'Inde, nous nous dirigions vers les cours de taĩ chi lorsque nous avons rencontré Krissy à Chengdu. Lui faisant part de nos projets, elle nous racontait son expérience personnelle au travers de retraites de méditation Vipassana, très intéressé j'ai fait de plus amples recherches sur internet pour tenter de discerner la part religieuse / sectaire de la technique et après avoir croisé différentes sources, il s'avérait que l'enseignement est tout ce qu'il y a de plus laĩc.
La façon dont s'enseigne la technique pour les débutants ne se fait que sur des retraites silencieuses de 10 jours, aucun frais n'est demandé, le tout fonctionne par des dons que l'on remet à la fin du cours et il y a des centres dans les pays que nous voulons visiter (Birmanie, Cambodge, Indonésie).

Nous avons le temps (maintenant plus que jamais), suite à mes expériences personnelles, cela m'apparait comme la seule façon d'appréhender sérieusement ce mystère qu'est la méditation et la philosophie ne présente pas de forme religieuse ou sectaire : il s'agit de s'observer, d'observer la vérité au travers de son propre corps.

La technique: Vipassana (Observer la vérité de l'intérieur)
Il semble que ce soit la technique dans sa plus pure essence telle que l'a enseigné Gotthama le Bouddha il y a 25 siècles suite à son illumination.
Je vois déjà vos yeux à la lecture de ce dernier mot, voici comment je l'ai compris à l'époque :
Bon ce Bouddha, il est à l'origine de cette religion, le Bouddhisme qui est une  religion prospère, dont personne (à ma connaissance) ne dit de mal et dont pas mal de personnalités connues en Orient comme en Occident
sont fidèles. Alors de la même manière que ses confrères de l'Ancien et du Nouveau Testament, il doit avoir dit des choses sensées.
Bon OK mais illumination, c'est quoi ça : grosso modo, un stade qu'il a atteint en purifiant son esprit et en faisant de bonnes actions, ah bon c'est pas si pire. Alors, illuminé ou éteint, on ne me demande pas d'y croire, c'est le meilleur de tous les méditants et ça a l'air d'un bon gars alors, pourquoi pas !

Pour résumer en quelques mots (et je ne suis qu'un novice), Vipassana est donc la technique de purification de l'esprit que Gotthama a utilisé il y a 25 siècles pour s'illuminer et devenir par la suite un Bouddha.

La différence entre Vipassana et le Bouddhisme:
D'un côté une technique de méditation et de l'autre une religion.
Cette religion a, comme beaucoup d'autres depuis sa création, subit des divisions et des évolutions. Les gens ont brodé autour de l'enseignement du Bouddha des rites et rituels, un cadre et des croyances. Les adeptes utilisent ce cadre et ces rites pour pratiquer leur religion de façon similaire à toute autre religion.
La technique quant à elle ne nécessite rien et indique la voie, le chemin qui mène à l'illumination et le premier principe est : personne ne le fera pour toi, on pourra te montrer le chemin mais c'est un travail que seul toi peut faire.

Illuminé? qui? moi??
Je ne cherche pas (pour l'instant en tout cas) l'illumination, non! loin de là. Mais il suffit de se renseigner autour de soi pour découvrir les vertus de la méditation et ses bienfaits. Certaines sont immédiates et d'autres nécessitent un peu plus de pratique. Par exemple, dans le désordre et sans s'y limiter: meilleure concentration, meilleure gestion de différentes problématiques, meilleure gestion du stress, moins sensible aux aléas de la vie, etc.

Voilà, maintenant vous connaissez le cheminement qui a précédé ma retraite
retraite d'apprentissage de Vipassana.

Bises à vous!
Jérôme

Note: Les définitions et explications formulées ici sont de ma propre
compréhension, je vous invite a consulter le site www.dhamma.org pour
des définitions plus exactes.

Commentaires

GGU a dit…
On attend avec impatience le fruit de vos méditations ... J'ai dit "impatience" ?
sofu branchi a dit…
excellentissime!!!!dans ce monde ou l'on vit à 200 à l'heure, en ayant parfois (souvent) la tête dans le guidon!!!
et anne qu'en as tu pensé?
biz
sev a dit…
T'es déjà illuminé par ton aura. Ha ha ha.
Bon ben je suis curieuse de vous entendre nous raconter ça.

Je voulais dire, tu as tout le choix et tout le long de ta vie de prendre le temps et aller vers ce qui te convient : je réagis à la phrase "Nous avons le temps (maintenant plus que jamais)", ou à celle de Sophie "dans ce monde ou l'on vit à 200 à l'heure" (pff en Guada ?? ;-) )
=> c'est soi même qui mettons le rythme si on souhaite conduire sa propre vie et non se laisser embarquer par d'autres courants, et ça change tout.

Concernant le détachement (quid du mariage alors, symbole de l'attachement), rester dans le vrai (et non ds les croyances), ou ne pas oublier que son esprit est là où sont ses pieds, il y a un livre que je recommande chaudement et qui reste à mon chevet depuis plusieurs années, c'est "Le Dharma Soutra : L'enseignement de Bouddha illustré", de Chih-Chung Tsai, Ed. Jouvence.

Tout de bon dans la voie du calme ! :))
Bisouuuuuus
Jerome a dit…
Tout d'abord, merci de vos commentaires !

Gilles: Nous écrirons bientôt des messages sur nos expériences vécues, encore un peu de patience... et oui ;)

Sophie: C'est clair nous vivons à 200 à l'heure, voire même plus et même en Guadeloupe (clin d'œil à Sev), j'en suis persuadé. Qu'on s'en rende compte ou non notre esprit nous débite des pensées à tour de bras et nous y réagissons. Consciemment et très souvent inconsciemment ce phénomène nous enfonce encore plus la tête dans le guidon.

Séverine: Merci du compliment pour l'illumination mais je pense que j'ai encore du boulot ;). Je ne savais pas que tu t'intéressais à la philosophie Bouddhiste c'est super on pourra essayer d'en discuter, pour ma part je ne me suis jamais penché sur le sujet. Je prends en note la référence du bouquin mais je ne pense pas le lire tout de suite: je suis en ce moment plus à la recherche d'informations et de réponses quand à la bonne pratique de la technique et je ne voudrai pas influencer mon esprit avec les conclusions d'autres personnes.
Pour réagir à ton questionnement sur le détachement et le mariage, mon énoncé n'était peut être pas très clair et j'en suis désolé: lorsque je parlais de la nécessité de se libérer l'esprit de tout attachement, il s'agissait d'une des étapes nécessaires pour tenter de réunir les conditions idéales à un bon apprentissage de la technique de méditation (c'est un peu comme le facteur soleil ou eau chaude pour apprendre la planche à voile, en Bretagne c'est possible mais c'est plus long et plus dur ;). C'est la raison pour laquelle Anne et moi avons accepté (entre autres) de vivre séparés pendant ces 10 fois 24 heures sans se parler, se toucher, se voir : de vivre détachés à durée déterminée et préétablie.
Si la question était de savoir ce que je pense du détachement alors que je viens de me marier : Ce qui est sur c'est que notre mariage n'a pas créé l'attachement que nous nourrissons depuis maintenant plus de 7 ans. Je suis très loin d'avoir assez d'expérience dans cette technique pour avoir une idée plus philosophique là dessus.
Ce que je sais en revanche, c'est qu'on ne peut pas (et ne devons pas) tous vivre des vies de moines ou de nonnes pour prétendre au bonheur, seulement une telle retraite de temps en temps nous permet, l'espace de quelques jours, de nous rapprocher de ces conditions dites « idéales ».

J'espère avoir répondu à vos questions, n'hésitez pas si vous en avez d'autres c'est un plaisir que d'échanger.

Bises à vous, dans le Dhamma.
Jérôme

Posts les plus consultés de ce blog

En Chine, prendre le bus ou le train est toute une aventure

Cyclotourisme, en route vers Europa-Park ! Suisse, France, Allemagne - 30 juillet au 12 août 2023

Avis aux célibataires !!!!