Une fin de semaine en Sibérie: Irkoutsk et le Lac Baikal

Irkoutsk
Notre arrivée à Irkoutsk signifie notre libération après 5 jours de train dans une cabine à l'odeur repoussante... Nous avons repéré une auberge de voyageurs au centre-ville d'Irkoutsk. Le Lonely indique de ne pas y aller sans avoir réservé, mais étant donné la période, nous tentons le coup : réussi, l'auberge Baikaler Guest House n'est pas du tout pleine. L'entrée se fait par derrière par une vieille porte en fer, un peu comme chez Yulia à Moscou. Le Baikaler est très bien tenu, et sa douche est géniale, surtout après le train...

Nous y croisons nos premiers voyageurs : 3 chinoises étudiant le russe à Oulan Oude, 1 couple d'anglais, 1 couple de français, 1 finlandais et 1 hollandais. À part les chinoises, nous prenons tous le Transmongol de Russie vers la Chine. Ensuite, les chemins se ressemblent pas mal : la plupart vont en Chine, Viet-Nam, Thailande, Cambodge, puis Australie, Nouvelle Zélande, etc.

Première chose à faire de la journée : notre visa mongol. Nous nous promenons dans les rues à la recherche de l'ambassade, qui est perdue dans une petite rue. Elle ferme à midi, et il est 11h30. Officiellement, il faut plein de papiers pour demander le visa, mais ici, nous avons juste besoin de remplir le formulaire, donner une photo et aligner le cash (3200 roubles par personne pour l'avoir un 2 jours ouvrables). Nous demandons un visa de transit, qui sera prêt le lundi suivant (nous sommes vendredi).

Ensuite nous visitons la ville : la rue Karl Marx et ses dizaines de boutiques de luxe, la rue Lénine et sa statue de Lénine, la rivière Angara, et les nombreuses églises plus belles les unes que les autres. Il fait de plus en plus froid, c'est la Sibérie ici : il fait -7°C vers 10h du mat, -10°C à midi, -15°C à 16h et ... -22°C après la tombée de la nuit vers 18h, la descente aux enfers...
Cela ne gène pas les madames russes qui se promènent en mini-jupe et en talons aiguille sur le verglas.

De retour au Baikaler, nous faisons la connaissance de Tania et Charlotte, 2 voyageuses de Nouvelle-Zélande qui vont faire du volontariat en Mongolie.
Nous organisons également notre WE : nous irons voir le Lac Baikal depuis l'Ile d'Olkhon, à 6h de route de Irkoutsk.

Anne


Lac Baikal
9h30 du mat' : c'est parti pour Olkhon ! En fait, nous passons par le marché central pour remplir le minibus de 9 places. La route est longue, les paysages avec ou sans neige s'enchainent. Parfois, un homme venu de nulle part monte dans le bus, et redescend au milieu de nulle part. Dans l'après-midi, nous apercevons enfin le lac, qui est le lac qui contient le plus grand volume d'eau douce non gelée du monde, plus que les Grands Lacs réunis. L'eau y est tellement limpide qu'on peut voir jusqu'à 40m de profondeur! Nous devons attendre le traversier pour aller sur l'Ile, qui a été reliée à l'électricité en 2005 seulement !

Sur l'ile, pas de bitume, ça saute dans tous les sens. Nous arrivons vers 17h au village principal, Khoujir, au milieu de l'ile qui fait 72km de long. Le minibus nous descend au Nikita's Guest House, ou nous resterons pour le WE.
Nous nous retrouvons dans une sorte de camp de cabanes en bois chauffées a l'électricité, notre chambre est rustique mais très jolie, nous mettons le chauffage à fond car les -25°C ambiants nous inquiètent quelque peu. Nous découvrons que les toilettes sont à l'extérieur de la chambre et non chauffées... de vieux souvenirs de camping en tipi au Québec nous reviennent...
A notre arrivée, dans la salle commune, on célèbre un anniversaire, les gens semblent parler plusieurs langues et certains couramment le francais. On se fait inviter à dîner et à trinquer, ce que nous apprécions après ces 6 heures de route cahoteuse.
Nous organisons notre excursion du lendemain à la pointe nord de l'île, tout le monde est unanime, c'est magnifique mais "Mettez autant de vêtements que possible, c'est glacial là bas".
Nous voila embarqués dans un 4X4 pour 9 passagers avec les deux Kiwis, une gang de 4 Anglais en études de Russe à Moscou et un Londonien à l'assaut de l'île.
La conduite est hallucinante: il n'y a pas vraiment de route, nous croisons des petits villages, des vaches et des chevaux en liberté (ça nous fait penser à l'Ile d'Entrée aux Iles de la Madeleine, mais en Sibérie...), la route est ponctuée de symboles chamaniques (en effet le chamanisme est originaire de Sibérie), nous passons de collines désertiques à des forêts de conifères qui perdent leurs aiguilles à cause du froid. Les paysages sont magnifiques, nous limitons toutefois les balades car le froid est glacial !!! Il n'y a pas de neige sur l'Ile, à cause du vent constant.
Notre guide nous a préparé une soupe d'Omoul (poisson endémique du lac) que nous buvons avec plaisir afin de nous réchauffer.

Nous retournons à Irkoutsk par le minivan quotidien qui relie l'île au reste du monde, nous avons traversé ces routes entassés comme des sardines et bien heureux d'arriver 6 heures plus tard. Par contre, nous avons pris froid au passage. La Sibérie nous a eu!
La Sibérie nous laisse de droles d'impressions, des paysages magnifiques et désolés, des gens adorables mais le froid nous incite à quitter ces terres hostiles.
Nous prenons le train le soir même avec nos compagnons de voyage: les deux Kiwis, Ben le Londonnien et les bretons rencontrés au Baikaler.
Nous nous retrouverons dans la même auberge à Ulan Bataar.
On the road again...

Jérôme